Une Tempête dans la Forge Stellaire

Nouvelle composition de Space Ambient, soit le deuxième volet d'une fresque sonore initiée par Echoes of the Third Quasar.

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L'astronaute voyait sa conscience se diluer dans le vide statique de son vaisseau d'acier, qui décrivait dans le noir océan où la course exténuée des photons parvenaient encore à donner l'illusion d'un peuplement stellaire proche, une trajectoire désespérément rectiligne. Ni début ni fin : la durée pure du voyage entrepris avait aboli le temps cartographié des montres et des horloges. Le temps biologique avait depuis longtemps été vaincu par la technoscience et ses bienfaits prométhéens, et ne pouvait rien donner à la conscience qui indiquât que celle-ci s'inscrivait dans une temporalité quelconque. Le flux de la conscience semblait gelé alors que l'écoulement du temps n'avait plus aucun sens... La droite de son existence traversait l'espace intersidéral, sans début ni fin. Les raisons de son voyage s'étaient évanouies dans l'oubli autant que son but : il était désormais hors du temps, comme une stase fixe d'acier creux sans plus aucune frontière entre le vivant et l'inerte, la veille et le sommeil, l'être et le non-être, un casque orphelin dont le ventail ne filtrait qu'une flamme esseulée, faible et glaciale dans l'éternité du vide.

C'est pourquoi la Tempête apparut comme l'Autre désiré : un événement qui recréa le devenir, le mouvement, la vie et la destruction. La belle antre alchimique où les astres étaient désintégrés, transmutés et enfantés : un océan de somptueuses déflagrations. Alpha et Oméga. Il sortit de son atemporalité pour mieux s'enfoncer dans la géhenne matricielle qui devait clore son voyage... ou le faire renaître. La Tempête apportait en son centre inextinguible la destination finale de son vaisseau, à l'extrémité absolue de son obsessionnelle trajectoire : tout à la fois un terme inévitable de son existence, comme si celui-ci - implacable prédestination - l'avait toujours attendu pour l'abolir, et un telos qui le parachèverait, ferait advenir en acte, dans un niveau supérieur d'être, ce qui n'était encore qu'en puissance en lui. Il était en approche de sa fin. Un flux de conscience s'était recréé en lui, une noèse : il pouvait de nouveau saisir quelque chose en pensée, avec intentionnalité... Les data de sensation, la hylè sensuelle s'accumulait en lui, reforgeant dialectiquement son identité, affermissant la consistance de son moi, tout entier pro-tendu vers ce qui s'ouvrait devant lui, au point de convergence des destructions et parturitions d'étoiles : un passage... 

Tom Vipraine







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